Le patrimoine de Puy-Saint-André
La fontaine et les fours de Puy-Chalvin
Le hameau de Puy-Chalvin abrite une fontaine à côté de laquelle se trouve le bâtiment (visible sur la première photo) abritant le four banal.
En fait il y a même 2 fours banals dans le même bâtiment. (photos ci-dessous)
Jean Laurent BC indique : "Le grand je ne l'ai jamais vu en service.
Seul le petit four était utilisé par les habitants dans les années 1948.
Ma Grand Mère Marie Rose Pauline épouse Rock Philippe BARNEOUD FERRET me faisait plaisir en me fabricant un "coulon".
Un "coulon", c’était une figurine représentant un petit personnage."
En 1994, la fontaine a été remise en état. Les travaux ont démarré le 20 juillet et l'eau a recoulé à partir du 31 juillet.
Ce délai record entre le début et la fin des travaux a été possible par les préparatifs effectués par Jean BARNEOUD ROUSSET.
Les photos ci-dessous retracent ces travaux.






Plus récemment, parmi les projets retenus par la fondation patrimoine, deux concernent Puy-Saint-André (Restauration du four banal de Puy Chalvin et de la chapelle Saint Jean Baptiste du hameau du Goutaud).
Lien vers la
Fondation patrimoine
Cadrans solaires
En contrebas de l’église de Puy-Saint-André, se trouve une maison ornée d’un cadran solaire.
Il porte la devise suivante, « Vulnerant omnes ultima necat » qui peut se traduire par « Toutes blessent, la dernière tue ».
Ce cadran est l’œuvre de Giovanni Francesco Zarbula et daté de 1866 (restauré en 1994). Zarbula est un « cadranier » d’origine piémontaise. Il aurait réalisé une centaine de cadrans solaires à partir de 1830.
Ses créations sont toutes situées dans les Alpes françaises et italiennes et principalement concentrées autour du Briançonnais et la vallée du Queyras
Cela s’explique par la technique utilisée par l’artiste qui ne fonctionne correctement que sur une latitude de 45°.
Plus d'informations concernant l'artiste et les cadrans solaires sur ces sites : michel.lalos.free.fr et Cad'Zoom .
L'ancienne cure
La maison en contrebas de l'église où se trouve, sur sa façade sud, le cadran solaire évoqué par ailleurs était l'ancienne cure. C'est là qu'étaient entreposés les registres religieux de la commune avant d'être envoyés aux archives départementales.
C'est dans cette maison que les anciens documents on été entreposés dans des conditions hygrométriques très agressives... Une chance d'ailleurs, la maison du curé n'a pas été détruite par l'incendie... Une des explication est peut être que le curé ne faisait pas de récolte de fourrage donc pas de combustibles...
Ci-dessous un témoignage concernant le rôle de "surveillance" du lieu :
"De chez lui, l'abbé pouvait voir une importante partie du village. Il pouvait surveiller en particulier les jeunes qui devaient faire leur communion.
Il y avait à l'époque, une seule maison en dessous du Canal. Là se trouvait le lieu des rendez-vous de la jeunesse, pas tellement recommandés par l'autorité religieuse!
C'était la maison de "la bastringue". Cette boîte à musique mécanique faisait danser les gens. Monsieur le curé ne voulait voir aucun futur communiant dans ce lieu de perdition...Depuis la cure, il effectuait sa surveillance des clients qui fréquentaient ce lieu. Si ses recommandations n’étaient pas suivies, ça bardait au catéchisme!"
Au début des années 90, l'ancienne cure a été restaurée par des bénévoles. L'histoire singulière de cette rénovation est racontée sur le site de la mairie de Puy-Saint-André.
Une photo de cette rénovation est disponible dans le chapitre des maisons Avant/Après.
Aujourd'hui, le bâtiment est devenu un gîte, géré par l'aumonerie de Briancon, destiné principalement à l'accueil d'associations. Plus d'informations ici.
Les moulins

La présence de nombreux torrents dans le Briançonnais a permis la construction de nombreux moulins (aujourd’hui pour beaucoup disparus).
En général, chaque hameau ou village avait son moulin. A Puy-Saint-André, il a été décidé d’installer quatre moulins en série les uns à la suite des autres sur le torrent de Sachas, site le plus propice du fait de la puissance du cours d’eau et de son accessibilité.
Les meules étaient majoritairement composées des matériaux issus du torrent. Cependant une meule en pierres meulières assemblées a été retrouvée. Ce type de meules était fabriqué en grand nombre en Ile de France au XIXème siècle.
Les moulins de Puy-Saint-André fonctionnaient à plein temps durant plusieurs semaines afin de permettre à toutes les familles des différents hameaux de venir moudre son grain.
La chapelle Sainte Lucie

Edifiée à partir de 1507, sous le titre de Notre-Dame-de-Pitié, la chapelle de Puy Chalvin est maintenant consacrée à sainte Lucie .
La chapelle est classée au monument historique depuis 1990 (Certaines peintures murales ainsi que le mobilier avaient déjà été classés en 1906).
La façade est peinte et des fresque intérieures sont présentes sur une voûte en berceau. Certaines des scènes représentées dans ces peintures sont directement inspirées de celles effectuées par l’artiste Giovanni Canavesio dans la chapelle ND des fontaines à la Brigue (06).
Ces fresques datent du début du XVIème siècle et ont vraisemblablement été réalisées par un artiste (mineur) itinérant sur commande des habitants.

La chapelle Sainte Lucie par Gabrielle SENTIS
Description de la chapelle Sainte Lucie issue de "L'art du Briannçonnais" volume 1 : La peinture au XVeme siècle de Gabrielle SENTIS paru en 1970
Puy-Chalvin est un hameau de Puy-Saint-André, situé comme Puy-Saint-Pierre au flanc du Prorel, sous la chapelle Notre-Dame des Neiges, où les gens de Briançon vont en pèlerinage au début de Juillet. Le petit oratoire est consacré à saint Lucie, Sicilienne très populaire jusqu’en Suède où elle incarne la lumière, et très invoquée en Briançonnais contre les maux d’yeux que ses statues nous tendent naïvement sur un plat. Son corps est conservé en l’église San Geremia de Venise. Elle nous accueille aussi sur sa chapelle, en robe de brocart doré et manteau d’ocre rouge. La façade, entièrement peinte, est en très mauvais état. Elle se divise en panneaux par des entrelacs et rinceaux variés. Outre sainte Lucie, figurent sainte Barbe en robe bleu vert et manteau violet, tenant sa tour, saint André avec sa croix et notre saint Antoine.
Une Vierge de Pitié se tient au milieu : au pied de la Croix, le corps du Christ est étendu sur les genoux de sa Mère vêtue de pourpre violette, à gauche saint Jean a disparu, à droite sainte Madeleine porte une robe de brocart doré à grandes manches, un manteau violet où retombent ses cheveux blonds et tient un vase d’aromates. Sa pose et son geste, ainsi que le groupement des personnages, nous rappellent beaucoup la célèbre Pietà d’Enguerrand Quarton au musée du Louvre. Mais la vision sculpturale de ce chef d’œuvre est absente ici, l’influence serait plutôt italienne, la douceur des visages « à la Luini » évoque le style lombard, en opposition avec la Pietà germanique du Mélézet. A droite et à gauche sont les croix des larrons dont les âmes sont emportées par un ange et un démon , selon l’iconographie habituelle en Briançonnais.
Ce thème de la Vierge de Pitié serait né vers 1320 dans les couvents de la vallée du Rhin, d’où il pénétra en France et en Italie : nul n’y pouvait rester insensible :
« Je te tiens mort, mon doux ami…
« Je te tiens mort, mon très doux fils…
« Je te tiens mort... »
(Eustache Mercadé, 1480)
Il y eut un saint Christophe sur la façade, on ne voit plus que le bas de son corps, il avance dans l’eau, et un sirène armée d’un miroir joue entre ses jambes. Il porte une tunique jaune et un manteau violet.
L’intérieur, du début du seizième siècle, comporte une nef voûtée en berceau et un chevet plat, ainsi que des statues de bois. D’abord sainte Lucie, puis une belle Pietà polychrome avec sainte Madeleine et saint Jean qui vient hélas, d’être volée ! De beaux bois sculptés, des bouquets naïfs, complètent cette charmante petite chapelle. Vingt-trois scènes de la vie du Christ couvrent la voûte et ses retombées. Le peintre n’est pas, à beaucoup près, aussi habile que celui de la façade, c’est peut-être un enfant du pays qui se sera hardiment lancé dans cette décoration, au-dessus de ses moyens, certes ! mais pleine de saveur ! Entre autres, voici la fuite en Egypte : la Vierge, en jaune et gris, est assise sur un âne, portant l’Enfant qui joue avec une palme, Joseph a un chapeau rond sur la tête et un baril d’eau à l’épaule. Cette scène familière est à rapprocher du rétable de Broederlam au musée de Dijon, où Joseph boit même à la régalade au tonnelet ! Un palmier au fond, rappelle la légende de l’arbre qui s’inclina pour donner ses fruits à la Sainte Famille dans le désert. Le Noël de la fuite en Egype nous dit :
« Marie, il faut vous en aller,
Hérode vous cherche pour vous tuer…
- Dis-mois, moissonneur, sur ton nom,
Est-il passé, ci, une Dame ?
- Oui-dà, comme je semais mes blés,
Au moment même elle a passé... »

Des scènes de la Passion retenons celle du Lavement des pieds : le Christ porte un tablier blanc et lave les pieds de ses Apôtres dans une cuvette de métal, comme une bonne ménagère de Puy-Chalvin laverait ses enfants ! Nous voyons aussi Judas recevoir ses trente deniers et le Christ porter sa croix : au premier plan se tient saint Véronique, au fond la Vierge Marie :
« Telle une brebis, voyant son petit
Traîné à la boucherie, Marie suivait
Brisée de douleur... »
(Hymne byzantin de Romanos Le Mélode, 500 après J.-C.)
Nous retrouvons un art beaucoup plus savant avec la Crucifixion : la ville de Jérusalem qui occupe le fond de la scène ressemble fort à la ville du « Buisson Ardent » de Nicolas Froment à la Cathédrale d’Aix-en-Provence. Deux étendards rouge et jaune sont timbrés, le premier des initiales S.P.Q.R, le second du scorpion qui symbolise le peuple Juif à la fin du Moyen-Age, et de la salamandre de François Ier. Il est donc permis de croire que le peintre sera venue avec l’armée royale ; il connaît l’œuvre de Nicolas Froment, et nous aura laissé un intéressant témoignage de son savoir-faire, bien qu’il se conforme à l’iconographie traditionnelle pour les deux larrons. Le mauvais état de la fresque nous empêche d’en donner la reproduction.